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Vibe coding : et si l’IA signait la fin d’un monde dans la finance ?

Léna Kloc
Léna Kloc
Cofondatrice de Digital Dandy, élabore des stratégies marketing digitales sur-mesure pour les dirigeants de la finance – CGP, promoteurs immobiliers, asset managers, fintech. Elle transforme les ambitions en plans d’action concrets pour renforcer l’image, attirer des clients et consolider un leadership. Experte en ADN de marque, elle crée une présence digitale élégante, efficace et différenciante, offrant à ses clients un avantage décisif sur un marché concurrentiel.
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Innovation & outils
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1.9.2025

Lovable. Ce nom vous dit peut-être déjà quelque chose.
En quelques mois, cette startup suédoise a levé 200 millions de dollars et imposé un concept qui pourrait bien redessiner les contours de la création logicielle : le vibe coding.

Le principe : vous décrivez ce que vous souhaitez — un outil de suivi client, un simulateur fiscal, un mini-CRM patrimonial — et l’intelligence artificielle génère l’application en temps réel. Pas une ligne de code.

Dit ainsi, cela ressemble à une démonstration futuriste. Pourtant, nous y sommes déjà. Et pour les acteurs de la finance — CGP, fintech, insurtech, asset managers, promoteurs immobiliers — cela ressemble à une onde de choc.

1. Une barrière technologique qui s’effondre

Jusqu’à présent, développer un outil interne représentait des mois de travail, des équipes entières et des budgets conséquents. C’était une barrière à l’entrée, un signe de sérieux, un facteur de différenciation.

L’IA avait déjà entamé cette barrière. Certains profils “geeks” utilisaient du no-code ou des LLM pour bricoler des simulateurs ou des sites en quelques jours, moyennant de la logique, des prompts et beaucoup d’essais.
Le vibe coding supprime cette étape. Désormais, n’importe qui peut générer une application exploitable en quelques minutes.

Dans un épisode récent du podcast Génération Do It Yourself, Anton Osika (CEO de Lovable) a même créé une application en direct, à partir d’une simple description. En quelques minutes, ce qui nécessitait auparavant une équipe de développement sortait fonctionnel. Comme il le dit lui-même : « La question n’est plus de savoir coder, mais de savoir exprimer son besoin. »

Le message est clair : la valeur ne sera plus dans l’outil en lui-même, mais dans ce qu’il manipule et garantit : la donnée, l’expérience utilisateur, la conformité et la sécurité.

2. Quand l’innovation flirte avec le bricolage

Andrej Karpathy, ancien de Tesla et d’OpenAI, compare le vibe coding au “DJ du code”.
On joue avec des boucles, on assemble des “vibes”, on oublie la mécanique derrière.

C’est amusant pour développer une application ludique le week-end.
Mais dès qu’on touche à la finance, on entre dans un terrain miné.

  • Sécurité incertaine : un code généré à la volée peut intégrer des failles non détectées.
  • Absence de traçabilité : difficile de documenter le processus ou de certifier le fonctionnement de l’outil.
  • Zone grise réglementaire : qui valide que l’application respecte l’AMF, l’ACPR ou le RGPD ?

Le Financial Times parle du vibe coding comme du “DIY du code” : enthousiasmant et libérateur pour de petits projets, mais potentiellement dangereux lorsqu’il s’agit d’environnements professionnels où la rigueur et la conformité ne peuvent pas être optionnelles (Financial Times).

Imaginez un investisseur qui génère son propre simulateur fiscal IA.
Un calcul approximatif, une mauvaise prise en compte d’une règle fiscale… et c’est toute une stratégie patrimoniale qui repose sur une base erronée.
La question de la responsabilité devient insoluble : est-ce l’utilisateur ? l’éditeur ? le conseiller ? l’IA elle-même ?

On ouvre ici une boîte de Pandore.
Et c’est précisément dans ces interstices que la régulation devra évoluer.

3. L’expert comme boussole dans la tempête

Avec le vibe coding, n’importe qui pourra créer en quelques minutes un simulateur patrimonial ou une application de suivi. Et c’est là que tout change : si les outils deviennent accessibles à tous, la valeur ne sera plus dans l’outil lui-même, mais dans l’expérience qui l’entoure.

Je suis convaincue que l’avenir du conseil patrimonial et financier se jouera dans la relation.
L’IA peut calculer, projeter, simuler… mais elle ne sait pas comprendre une inquiétude, sentir une hésitation, apaiser une peur. C’est cette dimension humaine — émotionnelle et relationnelle — qui fera la différence.

Le CGP de demain ne sera pas jugé sur la sophistication de ses logiciels, mais sur sa capacité à transformer des scénarios générés à la volée en décisions claires, cohérentes et rassurantes pour son client.
Et surtout sur la qualité de l’expérience vécue : un accompagnement où le client se sent compris, écouté, guidé, en confiance.

Dans un monde où les applis s’écrivent toutes seules, la vraie rareté sera l’émotion et la relation. Et c’est là, selon moi, que se jouera l’avenir des métiers du patrimoine.

4. Les signaux faibles qui ne trompent pas

Lovable est devenue licorne en huit mois.
AWS explique que le vibe coding est là pour durer.
Wired raconte comment une journaliste non-tech a pu créer des applications en deux jours, entre euphorie et inquiétude.

On ne parle pas d’une mode. On parle d’une rupture structurelle.

5. Vers la fin d’un modèle

L’été 2025 restera comme un moment charnière. Nous venons de franchir une étape : ce qu’on croyait complexe — développer un logiciel, sécuriser des données, intégrer la conformité — devient soudain accessible à tous grâce au vibe coding.

Je ne pense pas que les éditeurs disparaîtront brutalement, mais leur modèle vit clairement ses dernières années sous la forme qu’on connaît. Dans deux ou trois ans, générer une application conforme et robuste sera une commodité, pas un avantage compétitif.

Et c’est là que réside ma conviction : quand la technologie cesse d’être une barrière, la valeur se déplace ailleurs. Dans la capacité à offrir une expérience unique, à créer de la confiance, à simplifier un environnement saturé d’outils et d’informations contradictoires.

Le vibe coding change tout, mais il ne remplace pas le rôle essentiel de l’humain. Les métiers du patrimoine et de la finance devront réinventer leur place : non pas dans la technique, mais dans la relation.

L’IA produit des applis. L’expert produit de la clarté, de la sérénité et de l’engagement. Et c’est cette rareté-là qui fera la différence dans le monde d’après.

Conclusion : un conseil aux dirigeants

Mon conseil est simple : gardez l’esprit ouvert.
Ne croyez pas que ce qui vous protège aujourd’hui continuera demain. Personne n’est invincible dans ce nouveau cycle.

Ce que vous considériez comme un avantage compétitif — logiciel propriétaire, plateforme fermée — sera bientôt une commodité.
Ce n’est pas une menace, mais une invitation à vous approprier dès maintenant ces technologies.

Tester. Apprendre. Expérimenter.
Pas dans dix ans. Pas même dans cinq. Maintenant.

Ceux qui s’y plongent tôt garderont leur avance, car ils sauront transformer l’IA en alliée plutôt qu’en concurrente. Les autres découvriront trop tard que le monde d’avant est déjà derrière eux.

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